Pour éliminer le paludisme, il faut orienter nos efforts vers les enfants.  

La primaquine a deux rôles clés dans l’élimination du paludisme : le blocage de la transmission de Plasmodium falciparum et le traitement radical de Plasmodium vivax et P. ovale. Dans le premier cas elle est délivrée en une dose unique faible en même temps que le traitement standard, et dans le deuxième cas tous les jours pendant 14 jours. Cela signifie que tous les patients infectés par P. vivax et P. ovale ont besoin de primaquine, et que si l’OMS recommande de l’ajouter au traitement standard de P. falciparum dans les zones à faible transmission du paludisme, tous les patients impaludés avec P. falciparum auront besoin de primaquine.

La primaquine est un antipaludique bon marché, qui a été développé dans les années 40 aux Etats-Unis, où les premiers comprimés dosés à 15 mg ont été enregistrés en 1952. Il y a une dizaine d’années, le comprimé à 7,5 mg a été enregistré dans l’Union Européenne, portant à deux le nombre total de médicaments à base de primaquine produits selon les standards internationaux de qualité. Avec seulement deux formes de dosage de primaquine aux normes internationales disponibles sur le marché, il est tout simplement impossible d’éradiquer le paludisme.

De plus pour les enfants, le comprimé enrobé basique doit être écrasé et administré sous forme de suspension pour obtenir la dose appropriée, et le goût amer de la primaquine fait que le traitement est peu accepté et mal observé.
Ces contraintes sont des défis qui doivent être relevés pour que les enfants puissent être traités adéquatement.

Avec plus de 229 millions de cas de paludisme par an (2019), disposer sur le terrain d’une gamme de dosages pédiatriques de comprimés de primaquine assortis de schémas thérapeutiques optimisés pour le blocage de la transmission et le traitement radical, serait une avancée considérable à l’échelle mondiale dans la lutte contre le paludisme.

C’est le but que s’est fixé notre consortium.

Stratégie


Vision globale

Les traitements standards sont distribués par les autorités sanitaires nationales de chaque pays où le paludisme est endémique via des programmes mondiaux de lutte antipaludique. L’approvisionnement de ces médicaments essentiels est soutenu par le Fond Mondial, l’USAID et d’autres bailleurs internationaux, qui achètent uniquement des médicaments dont la qualité répond aux normes internationales.
Cette condition peut être assurée en développant ces médicaments dans le cadre du programme de préqualification de l’OMS, qui peut être comparé à un enregistrement auprès des hautes autorités de santé compétentes. Une fois préqualifiés, les médicaments peuvent être commercialisés via le système d’enregistrement accéléré des produits finis pré-qualifiés dans les pays partenaires de l’OMS.

Pour garantir l’observance du traitement par toutes les catégories de patients et pour tous types de schémas thérapeutiques, il faut pouvoir disposer de dosages et de formes galéniques pratiques et acceptables. Ceci est faisable en développant des formulations adaptées aux enfants, en optimisant les emballages et en évaluant leur acceptabilité par les patients et ceux qui les soignent. Ces premiers travaux de recherche et développement doivent être gérés en partenariat avec le fabricant de médicaments qui aura la volonté et la capacité d’assurer la mise à l’échelle, la fabrication et la commercialisation des produits finis selon les normes de qualité internationales, ainsi que leur distribution dans les pays endémiques par le biais de programmes internationaux de lutte contre le paludisme.

Stratégie DPP

Vue d’ensemble de notre stratégie

La démarche DPP

Notre démarche part du constat des lacunes existantes dans le traitement des enfants impaludés.

Tout d’abord, il n’existe pas de schémas posologiques recommandés par l’OMS pour le blocage de la transmission ou le traitement radical qui soient adaptés allométriquement ou avec des doses clairement établies par catégories de poids. Ensuite, le nombre de médicaments à base de primaquine répondant aux normes internationales de qualité actuellement disponibles est totalement insuffisant : il y a seulement deux formes de comprimés – une de 15 mg (Sanofi, France) enregistrée aux États-Unis, et une de 7,5 mg (Remedica, Chypre), enregistrée dans l’Union européenne. Enfin à l’heure actuelle, il n’existe pas de comprimés à dosages pédiatriques ou de formes adaptées de primaquine qui soient approuvées par les hautes autorités sanitaires ou préqualifiées par l’OMS.

L’industrie pharmaceutique est très réticente à développer des médicaments essentiels pour les maladies tropicales négligées comme le paludisme car les profits sont limités. C’est pourquoi d’autres acteurs du système doivent combler ce vide et aider l’industrie pharmaceutique à surpasser ces obstacles pour contribuer activement à l’élimination du paludisme.

Après avoir consulté l’OMS sur les étapes nécessaires pour obtenir la préqualification, nous avons conçu un programme détaillé de recherche et développement pour répondre à l’appel de l’OMS daté de mars 2019. Nous avons ensuite recherché des financements, une tâche loin d’être aisée. Déterminés, nous avons répondu à l’appel à projets de l’EDCTP (Partenariat pour les essais cliniques entre pays Européens et pays en voie de développement) pour des « formulations pédiatriques de médicaments pour les maladies liées à la pauvreté » et nous avons eu la satisfaction d’être sélectionnés.

Le projet de développement de primaquine pédiatrique (DPP) est porté par un consortium euro-africain en partenariat avec l’industriel pharmaceutique IPCA, ainsi que d’autres partenaires spécialisés.
L’objectif de ce projet est d’améliorer l’accès aux médicaments à base de primaquine fabriqués selon les normes internationales, pour tous les âges afin d’accélérer l’élimination du paludisme au niveau mondial. Pour l’atteindre, le consortium DPP vise à :

  • répondre aux objectifs de l’appel à projets de l’EDCTP 2019 portant sur les formulations pédiatriques contre les maladies tropicales et négligées
  • répondre à l’appel de l’OMS de mars 2019 pour la préqualification d’une gamme élargie de dosages de primaquine en comprimés de 2,5, 3,75 mg, et de 5, 7,5 et 15 mg sécables fabriqués selon les normes internationales de qualité
  • aller plus loin dans le développement pharmaceutique avec des formes pratiques et adaptées aux enfants, en menant des études de masquage de l’amertume et de développement préliminaire de granules de primaquine
  • et à évaluer l’acceptabilité de comprimés aromatisés et d’emballage optimisés de ces comprimés en blisters.
Consortium
Primaquine Dosage
Démarche DPP

Développement de primaquine pédiatrique (DPP)